Sourou Ferdinand Missenhoun
Sujet : Le destin dans la production chantée de Gbèzé.
Résumé
Natif d’Aklampa Allawénonsa dans la commune de Glazoué, l’artiste Gbèzé est une figure emblématique de la musique traditionnelle béninoise. Depuis la mort de son frère aîné Justin Avossè Tokponho en novembre 1996, il pratique le tchingounmè. A ce rythme, s’est ajoutée, depuis près d’une dizaine d’années, la pratique du toba. Gbèzé attache du prix à la production de chansons qui développent la question du destin. En effet, cette catégorie de chansons occupe une place prépondérante dans toute sa production. Trois principales caractéristiques la définissent : la longueur ou le volume, les sous-thèmes qui participent à son expressivité, la langue et la grammaire dans le traitement du destin. D’abord, les chansons empreintes de destin sont longues. Ensuite, elles recèlent beaucoup de sous-thèmes qui les rendent plus expressives ; ce qui confirme que Gbèzé chante la vie. Ce sont : l’amour, la femme, la mort, l’autoglorification, la pauvreté, la paix, la méchanceté humaine, l’ingratitude, la jalousie, la générosité, la prospérité, etc. dont le traitement se fait avec un lexique de récrimination ou de complainte, de résignation et parfois de défaitisme. Enfin, Gbèzé utilise dans ce lexique, un registre courant et ingénieux, rythmé et débouchant sur des rimes. Cette marque particulière rend très riche et poétique son style.
Mots clés : littérature orale, destin, production, Gbèzé, Tchingounmè, Toba.
Présentation publique ou exposé doctoral
Monsieur le président du jury !,
Messieurs les membres du jury !,
Chers parents et amis !,
En ce jour où nous faisons l’exercice universitaire de présentation de notre mémoire de maîtrise, nous vous remercions de votre présence effective et de l’appui considérable qu’elle représente pour nous en cette occasion.
D’une façon spéciale, nous voudrions dire notre sincère reconnaissance à monsieur le président du jury et aux membres du jury, qui nous font l’honneur de consacrer leur précieux temps à l’examen et à l’appréciation de notre travail de recherche.
Notre document-mémoire en vue de l’obtention du diplôme de Maîtrise ès Lettres Modernes porte sur le sujet ci-après : « Le destin dans la production chantée de Gbèzé ».
Les raisons qui sous-tendent le choix d’un tel sujet sont diverses.
Au cours de notre formation, nous avons été intéressé par la recherche en littérature orale. Mais au-delà, nous avons constaté que les pièces orales chantées de Gbèzé traitant du destin sont aimées du grand public et l’artiste l’affectionne de façon obsessionnelle avec une conception donnée. On remarque également que d’autres chanteurs parlent du destin dans leur production. Il s’agit par exemples de Dakossi Dénis, Aikpémi, Gbèmawonmèdé et Alèkpéhanhou. L’observation de la plupart des chanteurs traditionnels anciens comme modernes révèle que tous s’intéressent à la question du destin. Mais ce thème n’a pas fait l’objet d’une étude dans la production chantée d’un artiste à l’université, et, sa récurrence dans l’œuvre de Gbèzé ne serait pas un acte fortuit.
Monsieur le président du jury !,
Messieurs les membres du jury !,
Notre sujet de recherche renferme certains mots clés dont la définition nous semble nécessaire pour la réussite de l’étude. Il s’agit de : le destin, la production et Gbèzé. En effet, le destin vient du latin « destinare » qui signifie « destiner ». Selon le Larousse, c’est une « puissance qui règlerait d’avance les événements ». Pour le dictionnaire des concepts, c’est la « force de ce qui arrive et qui semble nous être imposé sans qu’aucune de nos actions ne puisse rien changer ». Ascension Bogniaho écrit dans sa thèse de troisième cycle que le destin « serait le quasi-double de l’homme qu’il protège ; tout ce qui lui arrive échoit en contrepartie à son protégé ; et chacun de nous assiste impuissant à son bonheur comme à son malheur »[1]. Sartre, Camus, Bergson, Niane, Bhêly-Quenum et plusieurs autres auteurs ont apporté leur clarification au terme. Pour la plupart d’entre eux, le destin est une force qui conduit aveuglément et irrévocablement l’homme : c’est la vision des fatalistes. Pour d’autres, cette vision est arbitraire et infondée ; c’est l’homme qui donne sens à son existence : il est le seul artisan de son destin.
La production se définit selon le Robert illustré comme une « création », une « réalisation ». Elle est, pour le même dictionnaire, « une création intellectuelle, littéraire, artistique d’une personne » ou « l’ensemble des œuvres d’un artiste ». La production est donc l’ensemble des créations, en parlant des ouvrages d’esprit. La production chantée serait alors l’ensemble des œuvres chantées d’un artiste.
Quant à Gbèzé, il est un jeune artiste de la musique traditionnelle originaire d’Aklampa Allawénonsa. Il est né d’un cultivateur et d’une ménagère : ils appartiennent tous à la culture mahi, une culture riche dont la langue est maxigbe. Pourvu d’une inspiration facile, Gbèzé totalise à son actif trente (30) albums.
A partir de la définition de ces différents concepts, nous pouvons dire que le sujet porte sur la perception que l’artiste Gbèzé a de la force ou de la puissance qui trace, fixe ou détermine le sort, le devenir de quelqu’un dans l’ensemble de ses œuvres chantées, la manière et la langue des pièces orales où il parle de cette force.
Monsieur le président du jury !,
Messieurs les membres du jury !,
La problématique de notre sujet se résume aux interrogations suivantes:
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Quelle est la conception que Gbèzé a du destin ?,
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Quels sont les sous-thèmes qui l’aident à exprimer sa perception ?,
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Quels types de pièces orales utilise-t-il pour exprimer sa conception du destin et quelles sont les techniques qui l’y aident ?
Pour répondre à ces questions, il importe d’énoncer les objectifs et les hypothèses de la recherche. En effet, le présent travail vise à démontrer que :
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Gbèzé a une conception du destin. Pour atteindre cet objectif général, le travail emprunte des objectifs spécifiques :
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Collecter les chansons empreintes du destin,
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Faire leur typologie,
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Etudier leur thématique,
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Etudier la langue ou la grammaire spécifique de ces pièces orales.
L’hypothèse de base de ce travail se présente comme suit :
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Gbèzé a une conception originelle et personnelle du destin
Cette hypothèse est accompagnée d’hypothèses spécifiques ci-après :
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Les chansons développant le destin se classent en types variés. En effet, elles :
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recèlent une thématique foisonnante,
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obéissent à une grammaire particulière qui fait d’elle de la littérature.
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